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lundi 1 novembre 2010

Suite "Chasse à la Vie" de moi-même...

Suite ....

Episode 2 : La Capitale.


Quelques années plus tard, en raison de l’installation de ma famille à la Capitale, au quartier « médina 3 » où mon père adoptif, prospérait dans son atelier, et où pour des raisons de commodité, j’avais été transféré à l’école « Justice ».
Je poursuivais donc mes études primaires avec pour enseignant une FEMME, une première, c’est en tout cas, la première fois de ma vie de rencontrer une femme enseignante, elle portait des pagnes colorés, le mouchoir sur la tête et sur l’épaule se dégageait un sac à main, l’allure svelte, joviale le sourire éclatant, elle savait se faire respecter par les élèves.

Comme d’ailleurs les deux autres femmes que j’avais citées plus haut, elle était impressionnante.
La « médina 3 », quartier populaire à peine peuplée, quelques familles aisées, des commerçants vaquant à leur occupation quotidienne dans leurs boutiques sur la rue qui va de l’arrêt « Four Samb » en prolongeant vers l’école « Justice » et en contournant par la « Corniche », qui débouche sur les « jardins » ceinturant le quartier de la Médina, avant de plonger vers l’Avenue de la « Dune » actuelle « avenue G.A. Nasser ». Partout des mécaniciens dans leur atelier, des marchands de bois, ou vendeurs de poissons, sillonnaient le quartier pour liquider leur marchandise.

Ce quartier avait aussi sa particularité, qui se caractérisait par la « salle des Fêtes » où le premier orchestre mauritanien fut formé en Guinée Conakry avec les ténors de la musique tels le chanteur El Hadrami Ould MEYDAH, le Chef d’Orchestre et Batteur ETHMANE, le guitariste Petit SALL, l’accompagnateur GEORGES, les autres SOUKABE, le trompète BOILIL, SEYMALY et tant d’autres éminents musiciens et artiste. C’est dans cette salle que tout Nouakchott se retrouvait chaque week-end pour danser, chanter et le tout dans une ambiance musicale sou l’animation de l’orchestre national mauritanien.
De tous les quartiers avoisinants tels que la « BMD, les « Ilots A, B, C, L, K, V etc.… du Ksar, du quartier « abattoirs », déferlaient des jeunes garçons et filles vers la Salle des Fêtes, pour se divertir et changer de look, c’étaient les années de la mode « YEYE ».
La pop music américaine faisait la gloire des années 68, avec ses lots de chanteurs, tels Otis Redding, James Brown, Eddie Mitchell, Wilson Pickett, Aretha Franklin, les Brother, les Rollings Stones…Les Français n’étaient pas en reste, il y’avait les Johnny Halliday, Sylvie Vartan, Françoise HARDY, Claude FRANCOIS … et d’autre et d’autres encore !!!

A l’école « Justice », à cette époque-là, (février 1968), nous assistions impuissants aux évènements malheureux qui ont secoué les établissements secondaires et primaires de la ville, suite à la décision du Gouvernement de faire appliquer la Réforme de l’enseignement fondamental, intensifiant l’arabisation à outrance. Je me souviens que nous étions en classe, aux environs de onze heures quand des éclats de grenade nous parvenaient de tous les côtés de l’école, nous avons pris peur, et nous nous sommes dispersés tout azimut en criant « sauve qui peut », dehors s‘était la confusion générale. Les parents d’élèves assiégèrent l’établissement très tôt malgré la bagarre qui se déroulait en plein centre ville et dans les environs des écoles de la Capitale et du Ksar.
Partout des militaires et des gardes dispersaient les gens enflammés par le désir d’en découdre pour une cause on ne peut abjecte, et en empêchant les uns et les autres à chaque fois qu’ils les rencontraient dans les rues.
Ces évènements durèrent presque une semaine, la situation a été calmée par les Autorités, qui ont pris les dispositions draconiennes, en mettant en place des unités militaires ceinturant tous les coins et recoins de la ville.
Sans la ferme volonté du Président Ould DADDAH, ces évènements allaient bousculer le pays vers une guerre civile, mais la sagesse et la maîtrise de la situation ont finalement payées.

Autre souvenir au CE2, j’avais pour enseignant Lobatt Ould VETAH, excellent maître, qui pour punir ses élèves, les pinçait aux oreilles durant quelques instants.
Un jour, lors de la ronde du Directeur de l’école dans les classes, surprit les élèves en train de crier et de chuchoter provoquant un brouhaha énorme au sein de la classe, ce qui attirait l’attention du Directeur.
Il entrât en classe et allât jusqu’à mon niveau, il me saisît l’oreille, et m’amenât à côté du Bureau du Maître pour me mettre à genou, à tort puisque je ne faisais pas parti des enfants qui saborder en classe.
Après s’être exécuté, je pleurnichais, et je ne cessais de réclamer mon innocence, je passais donc toute la matinée dans cette position jusqu’au moment où il pénétrât dans la classe pour me prendre par ‘’quatre’’ méthode punition qui consistait à prendre l’élève par quatre gaillards, c’est ainsi que le supplice commençait, l’enseignant frappait alors sa victime sur les fesses jusqu’à satisfaction totale. C’est ce qui m’a été fait.

Quatre gaillards s’activèrent autour de moi, en me prenant par les mains et les pieds, je recevais sous le regard hagard de mes camardes une avalanche de coups de bâton que je directeur m’assenât magistralement pendant au moins une dizaine de minute devant une assistance impuissante.
Je pleurais, jetant parfois des regards à mes amis, tremblant comme des feuilles et gesticulant à voix basse leur désarroi, évitant le regard méchant de ce Directeur, connu pour son animosité.
Tout en criant très fort mon innocence, je continuais à subir le supplice, des coups sans cesse s’abattaient sur mes fesses. Avec autant d’acharnement mes geôliers, impuissants me tenaient les pieds et les bras qui échappaient à leur emprise ou glissaient de leurs puissantes mains.


A chaque coup de bâton, mes corbillards, sont fustigés par le murmure ainsi que le regard de nos camarades.
Puis s’adressant à moi, il hurlât : ‘’Vas-tu recommencer à crier en classe ? S’exclamât-t-il.

- Monsieur ce n’est pas moi qui ai crié, répondis-je.
- Va t’asseoir et ne recommence plus. rétorquât-t-il.
Après la punition, je suis resté pendant longtemps terrifié, paralysé, recroquevillé sur soi-même, incapable de bouger, ou de me lever, je ne pouvais pas faire un seul geste, les mains sur le visage, pleurant à chaude larmes, jusqu’à ce que l’un de mes amis me prit la main et m’incitât à me rendre à ma place sur le banc à côté de lui.
Ceux qui se savaient fautifs, se regardaient en chiens de faïence, car ils se savaient qu’ils étaient à l’origine de ma punition et aucun d’eux n’avait eu le courage de se dénoncer pour s’éviter ce supplice, chacun se savait responsable de qui m’était arrivée, hélas personne ne voulait en état de cause se retrouver à ma place en ces instants.
Après la descente, je me dirigeais chez moi en compagnie de quelques amis de classe, pour déposer mes cahiers, j’en ai parlé à ma mère qui à son tour d’adressât des paroles consolantes.
Je me souviens un jour à la fin de la journée, notre enseignant, Monsieur Lobatt Ould VETAH, nous confia Sidi Mohamed Ould BOUBACAR (ancien Premier Ministre de Ould Taya et de la Transition du CMJD) et moi les cahiers qu’il devrait corriger chez lui à l’ilot ‘’B’’ à la Capitale derrière le CC des jeunes filles.
En cours de route, lors d’une incartade entre le jeune Sidi Mohamed et moi, il se déchargeât sur moi en me mettant le lot des cahiers qu’il avait entre les mains, en me disant qu’il avait un besoin à faire et tout à coup, il me gifla et prit ses jambes à son cou, puis, il fila comme une fusée, figé les bras pleins de cahiers, je ne pouvais qu’encaisser cette bavure.

Le lendemain matin, comme d’habitude Sidi Mohamed venait très tôt le matin à l’école en passant par la boutique d’en face pour acheter un morceau de pain, qu’il grignotait avant de rejoindre ses camarades.
Là, je l’attendais caché derrière la porte d’entrée de la boutique, et dès qu’il fut son irruption, et prit son morceau de pain, je m’approchais lentement et je lui assénais une gifle à l’improviste, je crois qu’il avait réellement vu ‘’des étoiles’’ moi aussi, je pris mes jambes à mon cou et sortis à toute allure pour rejoindre le groupe d’amis qui se formait en face de l’école, parmi lesquels, Mohamed Lemine Ould Moulaye Zeine (actuelle Secrétaire Général du Ministère de la Communication et des Relations avec le parlement), le tonitruant Abdi Diarra, Najia, Coulibaly, Samir Mohamed l’égyptien, Feu N’Tajou, feu Oumar Diakité, Aminetou Maiga, les Seyar Fall, Cheikh Fall, Cheikh Diakhité, Moustapha Ould Mohameden, Sarr Demba, feu Sarr Hamady, Bâ Samba Ciré, les Ould Haddar et tant d’autres qui furent surpris de mon galop.

Au mois de Ramadan, nous étions comme tous les enfants des musulmans, nous faisions semblant de jeûner le ramadan, en classe on venait prétendant jeûné, dès que la récréation s’annonçait, nous allâmes nous altérer ‘’ailleurs’’ c’est-à-dire notre ‘’cache’’ que seuls les membres du groupe savaient où elle se trouvait, nous y dégustâmes nos bonbons et parfois même nous cuisinions à l’intérieure de cette cache, des ustensiles de cuisine que nous avions pris dans nos familles à l’insu de nos mamans…
De classe en classe, et après mon départ pou l’école KHAYAR, je dus rejoindre au CM1, mon enseignant Monsieur Diawara GAGNY, éminent instituteur, (devenu diplomate par la suite, ambassadeur de Mauritanie en URSS), qui nous enseignait avec aisance et générosité.
Il nous avait pris pour ses propres enfants, grâce à la simplicité du verbe, nous assimilâmes facilement les leçons et les devoirs avec beaucoup de souplesse et d’envie. Cet enseignant je le secondais au tableau noir, pour la préparation des dictées, des leçons, j’avais toujours bien fait le travail qu’il me confiait, il avait l’œil vif sur ce je me faisais. J’étais parmi les meilleurs élèves à qui il accordait beaucoup d’attention, pour me permettre de mieux maitriser la langue de Molière.
En dehors de nos études, tout ce groupe se rendait au ‘’Centre Culturel Français’’ de Nouakchott, et les quelques arabisants parmi nous allaient au ‘’Centre Culturel Egyptien’’, où ils dégustaient les films égyptiens. Nous étions plutôt plus attachés aux films français et américains, les aventures de MICKEY, ceux de KIM, et les SS, et tant d’autres livres de littérature, de science et surtout les aventures de TINTIN.

A la fin de l’année scolaire, et après les examens de passage, une colonie de vacance était en gestation pour les meilleurs élèves de la Mauritanie, je fus sélectionné parmi ceux de l’Ecole « Justice » pour participer à ces vacances.

Nous avions été amenés au Lycée national où l’ensemble des élèves furent hébergés, filles et garçons, les moniteurs Ahmed Ould DENNA, TSCHOMBE, N’GAIDE Alassane, Abdel Aziz FALL, et d’autres encore, cette colonie était sous le président du Haut Commissaire à la jeunesse et aux Sports, Monsieur Hamdi Ould MOUKNASS, (dont la fille est l’actuelle Ministre des Affaires Etrangères de notre pays).

Les responsables de la Colonie, formèrent des groupes, parmi lesquels les rossignols, les lions, les renards et d’autres encore, des soirées sont organisées où les jeunes se divertissaient et chantaient et dansaient, d’autres s’intéressaient aux scènes de théâtre que le Groupe des Lions organisait, il avait aussi des salles de peinture et de jouer divers pour les uns et les autres.
A chaque fois le Ministre chargé de la Culture se rendait chez nous pour s’informer et pour donner des instructions pour que tout se passe bien et dans une ambiance d’amitié et d’harmonie générales.

En général, les week-ends on se rendait à la plage où nous effectuons des ballades, durant l’a journée entière et des plats de méchouis nous sont servis sous le wharf, par petit groupe, nous nous installâmes sous le pont, certains jouant à la Monopoli, à d’autres jeux, cependant que des filles ou des garçons se baignent ailleurs, ou jouant à ma « maison », tandis que d’autres jouent au ballon.

Parmi les amis que j’ai connu, il avait un jeune surnommé ‘’Malien’’ de Néma, que j’ai rencontré plus tard à la Snim où il travaillait avec moi au CAFM, un autre de Kaédi celui là, il portait le sobriquet «Double tête», que j’ai perdu de vue, rares ceux de ses enfants que je n’ai plus revus.
Les vacances terminées, c’est la rentrée en classe et cette fois ci, je changeais d’école, car la punition du Directeur « Justice » m’avait marqué ce qui m’amenât à m’en allais à l’Ecole « KHAYAR » avec comme Directeur, mon ancien Maître DIAWARA GAGNY.

Episode 3 : Ecole « KHAYAR » 1967-1968.

L’année scolaire débuta comme d’habitude en octobre et je me suis inscrit à l’Ecole «Khayar», où je poursuivais mes études au sein d’un groupe de jeunes garçons et filles attachants, et studieux, là également je secondais mon Maitre au tableau noir, comme jadis je le faisais à l’Ecole «Justice».

Les études se poursuivaient dans une ambiance exceptionnelle où chacun profitait des cours tant bien à l’école que dans les Centres Culturels des Ambassades accréditées à Nouakchott. Parmi les élèves que j’ai connus, il y avait les Sophie SECK, Zeinabou BA, sa sœur Khadijetou, Yaba DIOP, les BA Abdoul, Djiméra Boubou, tous étaient d’excellents élèves, incomparables car ils étaient attachants, sérieux et conscients de leur avenir.

Au début du mois de novembre, les écoles ont été mises à contribution pour la préparation des festivités marquants l’anniversaire de l’indépendance nationale, et à l’école Khayar beaucoup d’élèves furent enregistrés pour participer aux «Mouvements d’ensemble» prévus en la circonstance au Stade du Ksar, tous les après-midi du lundi au samedi.

Les élèves progressaient et développaient leur niveau pour s’assurer un progrès et un avenir plein de succès, sous l’œil vigilant notre surveillant général, Monsieur Abdallahi, un vieux qui était pour nous un père, un frère et surtout un protecteur contre les malfaiteurs.
Ma mère et ma petite sœur étant parti en vacances à Boutilimitt, après que ma petite sœur ait abandonné les études, quelques années plutôt, je dus me retrouver seul avec mon père adoptif, qui ne ménageait aucun effort pour me rendre la vie difficile. Le soir il partait vaquer à ses occupations, me laissant seul dans la maison, et il ne revenait que tardivement, alors que moi j’étais déjà profondément endormi.

Un jour, alors que je me trouvais dehors avec mes amis, il m’interpella et m’amena à la maison, où il me frappa sans qu’aucune personne ne puisse intervenir pour me détacher de ses griffes. Une fois le supplice terminé, je pris mes jambes au cou, pour me rendre chez des amis d’enfance, où j’ai passé la nuit, et depuis lors j’ai pris la décision d’abandonner le foyer de ma mère pour une liberté totale, loin de ce père aux méthodes peu orthodoxes.
Ainsi, j’ai été hébergé chez un élève qui étudiait en même temps que moi à l’école « Khayar », il s’agit de Wélé Mamadou dit « «la vache qui rit », un enfant sympathique, il était dans le même groupe de pionniers que moi, quant nous étions pris en charge par le Ministère de la Jeunesse qui avait mis à notre disposition des moniteurs chargés de nous inculquer la notion du civisme et du patriotisme.
Sa famille m’a adopté comme leur propre fils et je m’amusais bien chez eux avec les autres membres de la famille sans discrimination aucune de leur part, je n’ai jamais senti que j’étais étranger dans cette maison où le père qui partait très tôt à la mosquée et quand il revenait, la première à laquelle il avait une pensée, c’est de demander si Alioune a pris son déjeuner.
Loin des problèmes j’étais entouré d’une affection particulière que cette famille m’accordait tout au long de l’année scolaire que j’ai eu à passer dans leur foyer, mes habits, mes chaussures et même les cadeaux qu’elle offrait à ses enfants, elle m’en donnait ma part.

Au mois de mars 1968, alors que j’avais appris l’arrivée de Zouerate d’un oncle paternel, travaillant à la Miferma, et qui se trouvait en congé annuel à Nouakchott où il devait prendre son épouse, pour la ramener avec lui à Zouerate, je décidais de le rejoindre pour lui demander de m’amener avec eux. Son accord ne se fut pas attendre, et je décidais alors d’aller tenter l’aventure ailleurs, j’avais l’envie de ‘’fuir’’, de partir le plus possible pour ne plus jamais rencontrer ce père qui m’a fait souffrir et malmené le plus longtemps possible.
Dnc une brèche est là et il ne fallait pas la ratée, il fallait risquer, voire briser le tabou, briser l’inconscience, aller de l’avant, chercher une ouverture, à la rencontre de l’air, de la liberté et surtout de la vraie liberté, la liberté de pensé, la liberté de jouir de ses mouvements, de ses facultés, de ses nerfs en un mot de sa vie, sans qu’aucune personne ne perturbe le cours des évènements, le cours du progrès et de son développement humain.

C’était là une occasion d’or, qu’il fallait exploiter, aller vers l’aventure, rencontrer d’autres gens ; d’autres âmes plus cultivées et s’inspirer de la vie, s’inspirer de la culture d’autrui, comme d’ailleurs j’ai à le réaliser avec mon intégration au sein de cette famille Pulaar pendant cette période scolaire éphémère.

Je ne dormais plus, ma pensée était ailleurs, je rêvais d’un autre monde où la résonnance de la liberté est le seul écho de la vie, et où chacun pourra profiter à sa guise. Je préparais et je murissais mon idée afin de convaincre les parents de mon intime ami sur l’imminence de mon départ, vers d’autres cieux.

Il fallait aussi convaincre les amis et mon Directeur pour les amener à accepter ce détachement, au moment où je commençais à me faire beaucoup de relation, au sein des jeunes filles et garçons, une rupture qui allait me marquer toute la vie.
Une autre rupture avec cette ville, que j’aie tant chérie, cette ville que j’aie vu surgir du sable, dont les premiers bâtiments ont été construits sous mes yeux, allait quand à elle bouleversait mon esprit.
Nouakchott était ma ville, mon refuge, où j’ai tant d’amis, de frères et de souvenirs que je ne pouvais oublier unilatéralement mais l’ambition, le désir de changer de vie, aller plus loin, éviter les difficultés, et les mauvaises frustrations que j’aies rencontré au sein de ma famille, m’ont conduit à tourner la page, cette page qui allait assombrir mon avenir.
C’est ainsi qu’à la suite de l’accord de mon oncle paternel, je dus quitter Nouakchott le 1er mars 1968, avec comme seul bagage les habits que je portais, rien d’autre en dehors de mes souvenirs, des images que j’aie du temps où j’ai vécu dans cette ville.

En compagnie de mon oncle, je quittais Nouakchott dans le véhicule transportant les bagages, cependant que mon oncle et sa femme prirent une voiture légère pour Atar, point de jonction de notre retrouvaille après Nouakchott. Le relief que nous arpentions était rocailleux, la route menant à Akjoujt est une route bitumée, plein de pierre taillée, nous nous trouvions sous un soleil de plomb, l’atmosphère était à son zénith, les rayons de soleil nous accablaient.

Arrivée à Akjoujt, le chauffeur nous indiqua le restaurant chez lequel on devait diner, n’étant accompagné de personne, et ne connaissant aucune famille et n’ayant pas de moyens financiers je dus me rendre dans une maison à côté de la Gare Routière à environs quelques mètres de là, il faisait nuit et les gens se trouvant sous un hameau cantonnaient des louanges du Prophète Mohamed (PSL), j’ai pris plaisir à écouter les chants et du rester jusqu’au moment où je me suis rendu compte que je devais rejoindre le véhicule pour continuer mon voyage.

Quelle n’a été ma surprise de constater que le véhicule est parti depuis belles lurettes, sans laisser aucune instruction à mon sujet au restaurateur de la Place.

J’ai dû me rendre à l’évidence et pris mon courage, je suis allé voir le Poste de la Gendarmerie où j’ai déclaré au Chef de Poste que j’ai raté mon camion et s’il pouvait me rendre un service, celui de m’embarquer dans une voiture devant aller sur Atar.

Une demie heure après mon entretien avec l’officier, une occasion d’or s’est présentée à moi, il s’agit d’une voiture militaire dans laquelle je pris place et m’en allais rejoindre Atar.



C’est vers 17 heures, que nous avions au Rond Point d’Atar, c’est le centre d’attraction, à peine descendu du véhicule militaire, que j’ai remarqué dans la ruelle les camions de transport, où je me rendis à la recherche de mon véhicule qui m’avait laissé à Akjoujt.

Quelques minutes après, je me trouvais nez à nez avec le chauffeur qui m’a reconnu et m’a demandé comment je me suis retrouvé ici, alors qu’il prétendait qu’il m’avait recherché partout à Akjoujt. Sans tenir compte de ses déclarations, je lui réclamais le reliquat du transport entre Akjoujt et Atar et les bagages de mon oncle.

Sans riposté, il s’en allait me remettre le reliquat de mon transport et m’indiquait la boutique dans laquelle se trouvait nos bagages en me précisant que mon oncle avait laissé des consignes au boutiquer auquel cas où je me présentais à lui de rester sur place jusqu’à son retour.
Vers dix heures, mon oncle était de retour et m’a amené chez son ami où se trouvaient ma cousine et son enfant, elle était presque affolée, car elle pensait que j’étais perdu pour de bon, et elle pleurait, cependant que mon oncle la consolait et ne cessait de la raisonner.

Le lendemain matin très tôt nous prenions un autre véhicule pour Choum, point de jonction entre Nouadhibou-Atar-Zouerate, où le train le plus long du monde nous attendait en provenance de Nouadhibou, pour nous y embarquer et continuer notre voyage vers Zouerate.



Vers dix huit heures, nous arrivâmes à Choum, où nous nous installâmes sous un hameau en attendant l’arrivée du train en provenance de Nouadhibou. L’oncle alla vers les restaurateurs pour nous amener de quoi bivouaquer, et faire du thé.

Quelques instants après avoir pris place sous le hameau, un brouhaha énorme se fait sentir, des va et vient c’est le train en provenance de Zouerate vers lequel les gens s’activent pour s’installer à bord.
Il s’agit d’un train composé de deux CC tractant 240 wagons de minerais de fer extraits des mines de Miferma, (société des Mines de Fer de Mauritanie), société exploitant le minerai de fer depuis l’indépendance de la Mauritanie est un Etat dans l’Etat par sa puissance, elle est imposante par ses moyens techniques et ses moyens financiers.

Dès que le train termina sa mission à savoir, la remise du courrier au chef de Camp et l’attelage des citernes d’eau devant être amené à T’meimichatte, le train s’ébranla minutieusement et disparut derrière les quelques roches montagneuses vers Nouadhibou.
Les véhicules en provenance d’Atar et d’autres horizons, Nouakchott, Akjoujt se déferlent sur Choum pour y débarquer les passagers les uns allant à Zouerate et les autres allant à Nouadhibou.



C’est aux environs de 00 heures que le train en provenance de Nouadhibou, nous réveilla avec ses sirènes assourdissantes et en quelques secondes, il fut pris d’assaut par les passagers qui s’installèrent dans les wagons vides et pleins de détritus des minerais de fer.



C’est ainsi que, ma famille et moi nous nous installâmes à l’arrière du train dans le wagon destiné aux convoyeurs du train, un wagon aménagé en chambre ou se trouvaient à l’intérieur des lits superposés deux par deux et sur lesquels sont mis des matelas destinés aux convoyeurs ainsi que les familles des travailleurs de la Miferma.



Le train s’ébranla vers Zouerate aux environs de 00 heures 05 mn, pour y arriver le lendemain vers sept heures du matin. Des taxis brousses attendaient l’arrivée des passagers pour les embarquer et les amener en ville, ce qui fut fait, une voiture du service attendait mon oncle pour le déposer avec sa famille à la cité de Zouerate.
Aux environs de neuf heures trente, nous nous installâmes dans la maison de mon oncle, une maison composée de deux chambres et un salon, une cuisine et des WC, une petite cour à l’intérieur de laquelle se trouvait une tente servant à relayer le salon quand il y’a des visiteurs importants pour s’y reposer.




Un déjeuner stimulant composé de ‘’Nché’’ bouillie faite de maïs et un bon verre de thé mauritanien nous fut servi par l’un des jeunes garçons chargé de l’exécution du thé.



Une fois installé, je commençais à m’habituer aux nouvelles conditions, notamment en ce qui concerne le mode de vie. Zouerate, ville entièrement minière, le visage de la ville est émoustillant, les gens travaillent de nuit comme de jour, sans pause, les véhicules de grand calibre circulent dans tous les sens allant de ‘’Tazadit’’ vers les services ‘’généraux’’ et poursuivant leur route vers d’autres mines à savoir ‘’Rouessa’’, ‘’F’derick I et II’’, les ouvriers en combinaison cheminent vers les points d’arrêt’’ de bus pour aller sur les mines.



La ville est animée par des boîtes de nuit, aux deux Clubs de la citée à savoir le Club africain situé dans la cité africaine et le Club des Aigles situé dans la zone européenne, où chaque soir les ouvriers et les cadres de la société s’y déplacent pour se divertir.



De l’autre côté dans la banlieue de la ville, il y’a également des lieux de loisirs, des boîtes de nuits africaines, et même cubaines, là également les européens s’y déplaçaient pour danser, pour siroter une boisson et pour s’amuser avec des filles de bars. Ces bars sont dirigés par des africains, notamment des sénégalais, des nigérians et mêmes des sud africains.



La ville est un Far-West, située en plein désert, sous une atmosphère indescriptible, la chaleur est émoustillante, l’architecture de la ville est moderne, on se croirait dans une ville européenne.











Cette ville a une particularité spectaculaire et inouïe, elle est scindée en deux, une cité entièrement européanisée, où seuls vivent les ‘’expatriés européens, cette cité est une zone interdite aux ‘’indigènes’’ notamment les mauritaniens et les africains, il est interdit aux africains de s’y aventurer, sauf pour les commissionnaires.



C’est-à-dire les garçons chargés de transporter les ingrédients pour les épouses des expatriés ou les ‘’boys guinéens’’ ou les ‘’blanchisseurs’’ et enfin les serviteurs des familles européennes.



Seuls les agents de maitrise mauritaniens ou africains pouvaient obtenir des logements dans cette partie de la cité, ce qui profite aux expatriés, cela leur permettait d’avoir ce qu’on appelle communément ‘’Prime de voisinage’’ allant de cent à deux cent mille francs CFA.



Cette cité a son propre économat, son hôtel dénommé ‘’Club des Aigles’’, ses salles de fête, sa propre piscine et ses services de gardiennage spécifique, que d’anciens gardes, ou d’anciens méharistes mauritaniens y assurent la sécurité intérieure au vu et au su des Autorités mauritaniennes qui n’osaient pas s’aventurer dans cette cité européenne, sans l’autorisation des Responsables de la D.S.E. (Direction du Siège d’Exploitation) de la Miferma.



L’autre côté de la cité de Zouerate est entièrement construite pour loger les ouvriers mauritaniens et africains qui travaillaient pour le compte de la société, cette zone a ses propres économats, ses services de gardiennage, son hôtel et son club dénommé lui aussi ‘’Club Africain’’.



La ville a son aéroport qui sert aux officiels de la société de l’utiliser pour ses avions et pour le déplacement de ses cadres et invités ainsi que pour rallier Nouadhibou à Zouerate.













La ville de Zouerate est aussi une cité minière, de son sous-sol des centaines de milliers de tonnes de fer sont extraites et envoyés par train vers Nouadhibou d’où ils sont transbordés dans des minéraliers vers l’Europe et l’Asie.



Depuis l’indépendance, de cette cité, des quantités importantes de fer d’une qualité dépassant les 46% de teneur de fer, quittaient pour être transbordées sur des navires minéraliers à destination d’Europe, d’Asie et d’Amérique, c’est l’une des carrières de minerais de fer la plus riche en teneur de fer à travers le monde.

La ratée :




Quelques jours après mon arrivée, je décidais de rejoindre les bancs de l’école primaire de la ville, avec un certificat de transfert pour m’installer à ma dernière année primaire au CM2. L’école est une belle bâtisse, en béton armée, d’ailleurs elle me rappelle l’imprimerie nationale à Nouakchott, avec son toit à l’araignée qui surplombe le bâtiment, dont le jardin est bien taillé, des fleurs partout, l’image qui se dégage de ce jardin vous donne de l’inspiration.



Une fois à l’école, je me présentais au Directeur de l’Ecole, pour lui présenter mon papier de transfert. Après avoir lu le document, Monsieur LY, s’excusât auprès de mon oncle et de moi-même, pour nous dire qu’il n’avait pas de place à l’école, ce qui m’affectât beaucoup, sans jamais lâché du lest à mon envie de poursuivre mes études.



Cette situation m’incitât alors à aller de l’avant, je n’ai point cédé aux désarrois, ni à la fatalité, il fallait lutter pour imposer sa volonté de survivre dans ce monde où chacun lutte âprement pour vivre et pour combattre l’oisiveté quotidienne, les jeunes ici s’occupent des paniers des femmes européennes qu’ils transportent aux domiciles des familles européennes moyennant des pièces.



C’est ainsi que je fus tenté de jouer le jeu, en m’inspirant de ce travail, je me portais volontiers à servir de commissionnaire, peu importe ce que l’on dira de moi. Je fus boy chez le Secrétaire Général du parti du Peuple Mauritanien, et officier de la Douane Ahmed Baba Ould NAKH, lequel me payait mille cinq cent francs CFA (1500 FCFA) avant de le quitter quelques mois plus tard pour retrouver mon économat.



C’est là où j’ai fait la connaissance de l’épouse de Monsieur PAQUET, Directeur de l’école européenne qui tout au long de nos relations aurait souhaité que j’obtienne auprès de son mari mon inscription à titre exceptionnel à l’école aux côtés de quelques enfants africains déjà dans cet établissement scolaire et qui n’acceptait que les enfants des expatriés ou ceux des agents de maitrise africains et mauritaniens peu nombreux d’ailleurs en ces temps-là.



Malheureusement, il n’a pu accéder à ma demande d’inscription à cet établissement spécialement ouvert aux enfants des expatriés et agents de maîtrise de la MIFERMA d’alors.

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